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8 mai 2005.

Louis BeaucampIl y a 6o ans, le 8 mai 1945, l’Allemagne capitule.
Les camps de prisonniers S’ouvrent.

102 prisonniers de guerre ellezellois ont vécu un séjour bien pénible entre les barbelés ;supportant des souffrances tant morales , affectives que physiques. 58 d’entre eux attendirent 5 ans pour retrouver la liberté. Ler retour de ces derniers ne fut pas le même pour tous.

Revoyons la suite des événements qui amenèrent la chute du Grand Reich.

  • Le 7 mars , les Alliés franchissent le Rhin, au pont de Remagen qui n’avait pas sauté.
  • Le 1er avril , ils investissent la Ruhr et les premiers camps sont libérés
  • Le 3 avril par les Américains.
  • Le 25 avril, les Russes, sur les rives du Danube , établissent la jonction avec les Alliés.
  • Le 30 avril Hitler se suicide.
  • Le 2 mai, les Russes sont aux portes de Berlin . Les camps du nord sont libérés.
  • Le 8 mai, l’amiral Dönitz qui a succédé à Hitler accepte la capitulation.

La libération des prisonniers sera différente, selon qu’ils sont à l’Est ou à l’Ouest.
A l’Ouest, les Alliés libèrent les kommandos au fur et à mesure de leur avance et les prisonniers sont renvoyés chez eux dans des conditions plus ou moins acceptables. C’est le cas des stalags et oflags de la Ruhr et du Slechwig-Holstein. A l’Est, par contre, l’armée des Russes .a une réputation toute faite, si bien que l’armée allemande en déroute se double de civils qui fuient et de prisonniers. Ces derniers firent parfois des trajets dans des conditions épouvantables et pour certains des détours interminables.
Si Louis Beaucamp est arrivé le premier le 9 avril, Gaston Delatte ne revit sa famille que 13 juillet.

Après le Retour.

Les pages de cette longue absence est tournée.
Ils restent cependant les suivantes pas moins douloureuses. Sur elles s’inscrivent, non seulement le rétablissement d’une santé parfois fort ébranlée, mais aussi les difficultés d’une réinsertion à une vie nouvelle , une vie normale au milieu des siens, dans la vie du village et du travail.

Les lettres que recevaient les prisonniers étaient censurées Que d’événements , de faits, de deuils, de naissances, de mariages, de déménagements leur sont étrangers. Ici, chez nous , ils apprennent avec une grande émotion , la prise des Prisonniers Politiques et le Combat de Wodecq.. Ils apprennent la Résistance et la Collaboration. Ils apprennent tout cela au fil des conversations qui les laissent un peu comme des étrangers chez eux. Et ce qui leur fut bien pénible, c’est qu’il leur fallut subir le peu de considération de la part des autorités gouvernementales en place. Certaines de ces autorités les ont considérés comme des importuns, des êtres indésirables. Une certaine presse antimilitariste n’hésite pas à les désigner comme étant des chevaliers de la crosse en l’air et je passe les infamants propos débités. Dans les différents services publics et, spécialement au Ministère de la Défense Nationale , les planqués, restés tranquillement au pays et occupant les places de choix, les regardaient avec un certain dédain.

Je fais ici une parenthèse pour signaler que les Ellezellois firent un accueil des plus chaleureux à tous ceux qui rentraient et au nom de tous mes camarades encore présents et de ceux qui nous quittés, je salue et je remercie la Croix Rouge et Georges Dusausoit qui s’est trouvé à la gare avec sa camionnette à chaque retour. Heureusement, les prisonniers de guerre eurent l’immense bonheur de trouver en la personne der Raoul Nachez, l’homme idoine qui allait se dépenser sans compter pour défendre ses compagnons d’infortune. Il les mena manifester dans les rues de Bruxelles le 26 février 1947. Ils étaient 80 000 à rappeler au gouvernement que le moment était venu de se prononcer. Ce fut un « oui » sous la menace mais il leur faudra encore être patients. C’est le 26 août 1964 qu’ils reçurent la médaille de reconnaissance du prisonnier de guerre et attendirent 35 ans pour que la pathologie des camps leur fut accordée ! Combien avait déjà disparu alors. !

Je souhaite que tous les jeunes retiennent les derniers vers d’un poème d’Albert Mestrez, rescapé des camps de la mort:

 


C'est le temps de rappeler aux humains que nous sommes
Qu’il va falloir encore refaire la leçon
Le « Veau d’or » est debout et Gomorrhe et Sodome
Tout est remis en place pour la réédition.
Aidons-nous, aimons-nous , c’est notre chance unique
D’arrêter le trajet de tous ces malfaisants
Par la fraternité, nous ferons la nique.
Mais, si nous hésitons, il nr sera plus temps.

Discours prononcé par Louis Beaucamp, rescapé des camps de prisonniers, le 8 mai 2005

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