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L'Eglise d'Ellezelles.-la Dîme.

Il y a eu, antérieurement à l'église actuelle, une ou deux églises. Nous savons, en effet, qu'en 1124, Burchard, évêque de Cambrai, fit don de l'autel d'Ellezelles à l'abbaye de Saint-Thierri, près de Reims, pour aider celle-ci dans sa pauvreté. Cette donation nous est une preuve qu'à cette époque, la commune avait une certaine importance. Il n'existait pas, sous l'ancien régime, de budget des cultes. De là est née la pratique d'imposer les fidèles, de prélever la dîme, pour satisfaire aux nécessités religieuses.
L'empereur Louis-le-germanique, lors de la translation des reliques de St Hermès de l'abbaye d'Inde à Renaix, confirma au chapitre de cette ville, la dîme d'Ellezelles. Cette dîme, qui consistait en la dixième gerbe de blé récolté sue le territoire de la commune, était donc partagée entre l'abbaye de St Thierri et le chapitre de Renaix.

Différends entre Ellezelles, Reims et Renaix du 5 octobre 1680.

Vu le différend entre maître Jean Chevalier, pasteur d'Ellezelles, terre de Lessines, suppliant par requête du 26 avril 1679, d'une part, messire Guillaume bailli abbé de saint Thierri lez Reims, conseiller du Roi très chrétien et les chanoines de l'' église Collégiale de saint Hermès Rescribans(1) d'autre,

La cour avant de faire droit ordonne aux parties comparaître par devant commis qui les règlera selon l'instruction lui baillée par écrit pour sa besogne vue et son rapport étant entendu fait droit donné à la justice à qui il appartiendra de réserver la dispense.

INSTRUCTION.

Le commis déclarera aux parties que la résolution de la cour porte qu'il faut au village d'Ellezelles un chapelain pour administrer les Saints Sacrements et qu'il doit être suffisamment doté.
Ordonnera au suppliant d'exhiber une spécification pertinente (présomptive?) de tous les revenus et émoluments tant certains qu'incertains de sa dite cure.
Ordonnera aussi aux rescrivants (1) quelles part et portion possèdent un chacun et comptent en dîme dudit village d'Ellezelles.
Combien ils en ont baillé à ferme pour quel terme et quels pots de vin ils en ont profité.
Exhiberons les six dernières lettres de baille en ferme.
Le commis s'informera qui est pasteur primitif et collateur de la dite cure d'Ellezelles et parties tombantes contraire en fait les admettra à vérification de celles-ci et procèderons en cette cause à bref délais et péremptoire de 8 à 8.
(Rescribans, recrivans = ceux qui demandent de réécrire, de corriger)

Du 21 août 1683.

Vu le différend entre maître Jean Chevalier pasteur d'Ellezelles terre de Lessines suppliant par requête du 26 avril 1679, d'une part, Messire Guillaume bailli abbé de St Thirry lez Reims et les chanoines de l'église collégiale de St Hermès à Renaix, d'autre.

Vu aussi la sentence interlocutoire du 5 octobre 1680 et les devoirs y suivis, la cour avant que de faire droit ordonne au suppliant de satisfaire de plus près au deuxième point avisé d'office et ensuite d'exhiber sous expurgation par serment une déclaration pertinente et individuelle de la partie de tous les revenus et émoluments tant certains qu' incertains de sa cure ensemble tous les titres qu'il a ou peut avoir et bien ou revenus d'icelles avec les lettres de collation qui lui sont faites et à l' abbé de saint Thiry de satisfaire à l'ordonnance des commis du 17novembre 1681 et suivant cela d' exhiber sous expurgation par serment tous les titres en vertu desquels il profite en partie les dîmes audit village cependant et sans préjudice de cela, ordonne aux deux rescribants de et suppliant de donner de contribuer par provision pour l'entretien d'un vis pasteur chacun la somme de huit livres de gros par an et aux manants dudit village ensuite de leur consentement douze livres de gros de dépense à réserver.

On demande premièrement si les manants d'Ellezelles ayant consenti de donner au chapelain douze livres de gros peuvent à présent révoquer leur offre et agir contre les décimateurs pour se décharger de la dite somme.

Secondement s'ils peuvent sûrement attaquer par procès les susdits décimateurs pour fournir la compétence au deuxième vicaire, dont la nécessité fut déclarée par le vicariat de Cambrai le siège vacant comme il constate par copie de la sentence ci-jointe.

Troisièmement s'il serait convenable d'attaquer seulement les chanoines de saint Hermès à Renaix ou bien s'il serait mieux d'attaquer aussi le Révérend Abbé de saint Thiry lez Reims.
Tous les deux ont été insinués de la requête mais Mr l'abbé de saint Thiry lez Reims n'a jamais répondu mais seulement ceux du chapitre de saint Hermès à Renaix et même ils ont payé les frais du procès.

Finalement si les susdits décimateurs peuvent bien encore disputer la nécessité d'un second vicaire attendu que le temps d'appel est fini.

Décret de l'Impératrice Reine concernant l'aliénation des dîmes
Bruxelles 9 mars 1769.

Par l'Impératrice Douairière et Reine.
Sa majesté ayant reconnu qu'il pourrait s'élever des difficultés sur la question si son consentement spécial est requis pour l' aliénation absolue des dîmes, soit qu'elle se fasse par les curés aux décimateurs ou par ceux-ci aux curés, elle a, de l' avis de son conseil privé et à la délibération du sérénissime duc Charles-Alexandre de Lorraine et de Bar, son lieutenant, gouverneur et capitaine général des Pays-Bas, déclaré, ainsi qu'elle déclare, que les aliénations des dîmes que feront les curés aux décimateurs doivent être autorisées par un octroi spécial que Sa Majesté se réserve de faire expédier lorsque le cas lui paraîtra tendre au bien de l'Eglise et du public, mais que les aliénations des dîmes en faveur des curés pourront se faire sans aucun besoin de pareils octrois...

Décret de l'impératrice Reine concernant l'ordonnance du 9 mars 1769 sur l'abandon des dîmes.
Marie-Thérèse, Bruxelles 18 novembre 1773.

Ayant vu la représentation que vous nous avez adressée le 26 juin au sujet du procès agité devant votre tribunal entre les curé, mayeur et échevins du village de Callenelle, d'une part, les doyens et chanoines d'Antoing, décimateurs audit lieu, d'autre, nous vous faisons la présente, à la délibération du sérénissime duc Charles-Alexandre de Lorraine et de Bar, lieutenant, gouverneur et capitaine général des Pays-Bas, pour vous dire que, selon l'esprit et le vrai sens de notre décret du 9 mars 1769, envoyé à tous les tribunaux supérieurs de justice, l'abandon ou l'abdication des dîmes peut se faire , sans octroi, en faveur de la fabrique de l'église paroissiale du lieu où ces dîmes se perçoivent,....

(Archives du Royaume, carton 1151, T9 et T 10)

La dîme a été définitivement abolie par le concordat de 1801, passé entre le pape Pie VII et Napoléon, consul.
Les décimateurs nommaient chaque année un certain nombre d'individus, appelés dîmeurs, pour prélever la dîme à l'époque de la moisson. Avant d'exercer leurs fonctions, ils devaient prêter, entre les mains du Maïeur, le serment de les remplir loyalement. Procès-verbal de cette formalité était immédiatement inséré au Registre des résolutions ou au Registre des plaids.

Sources : Emmanuel Degand et les archives de la cure d'Ellezelles.
Louis Beaucamp.

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